La prévenance britannique |
En avril 2015, je suis allée à Londres avec des amis. Nous étions cinq, Charlotte et son copain Bastien, Axelle et sa sœur Mégane, et moi. Nous avions décidé de dépenser le moins possible pour notre aller, c'est pourquoi nous avons pris le bus de Bruxelles à Londres. Solution que je déconseillerai dorénavant! En effet, comme d'habitude lorsqu'il s'agit d'un voyage de nuit en car, nous sommes partis vers 23h, ce qui ne pose pas de problème en général, mais là il y avait... quelques subtilités supplémentaires, dirons-nous. Voilà, deux heures et demie plus tard, nous étions réveillés à Calais (inutile de dire que nous ne nous étions pas endormis tout de suite, le temps que l'enthousiasme du départ retombe un peu, quand même), pour un contrôle de douane... ou plutôt deux! Bah oui, des fois qu'entre les douanes françaises et les anglaises, soit deux cents mètres à tout casser, on aurait planqué un kilo de poudre! Ou caché un clandestin dans notre valise, allez savoir. Donc, après être descendus deux fois du bus, et après qu'on m'ait demandé d'ouvrir mon sac à dos car il y avait une forme "odd" dedans (mes jetons de poker), nous avons vite rejoint le bus, sous les exclamations pressantes du conducteur. J'avais déjà emprunté l'Eurotunnel en voiture mais ça reste impressionnant. Une grosse demi-heure et nous voilà en Angleterre, ce qui signifie que nous étions à Londres vers... 5h30, heure locale. Autant dire qu'il faisait noir et que le métro était fermé (eh oui, le dimanche, il n'ouvre qu'à 7h! Go figure).
Qu'à ne ça le tienne! Nous nous lançâmes à la découverte de la ville endormie et - si ce n'est pour le bruit de roulettes des valises des jumelles, le silence était parfait. C'était la deuxième fois que je découvrais une ville si tôt, vidée de ses habitants (la première fois, c'était à Venise), et la tranquillité qui en ressort est vraiment saisissante. Lorsque nous vîmes enfin la Tamise, il faisait encore noir, mais nous n'eûmes aucun mal à voir la roue de Londres : elle était éclairée! Les autres ont continué, faut dire qu'on fatiguait, mais moi je me suis arrêtée une minute pour profiter de l'instant. Ce qui au final s'avéra être un coup de génie, car ce même pont, quelques heures plus tard, allait devenir un calvaire à traverser!
St-Mary le Strand |
"Sit on my bench and pause a while,
Think of me, look up and smile."
Après s'être perdus puis retrouvés dans Covent Garden, hésité sur les tatouages éphémères qu'on pourrait bien se faire faire, et comme il était à nouveau l'heure de manger, nous avons poussé jusque St James Park où nous nous sommes extasiés, en bons continentaux que nous sommes, sur les écureuils. Nul besoin de préciser que les touristes ne leur font pas peur! Plusieurs fois, Bastien et Axelle ont failli en caresser un. Mais quelle vélocité! Ensuite nous avons vu Buckingham Palace, Piccadilly Circus, et parcouru Regent Street. Le soir, nous avons joué au poker (habitude que nous avions un peu perdue, faute de temps), ainsi qu'au billard.
La première nuit à l'auberge de jeunesse fut... mémorable. J'ai souvent dormi dans un dortoir de huit, dix personnes, mais à Londres, la norme se situe plus à douze. Pourquoi pas? Seulement voilà, ces douze lits se trouvaient par groupes de trois lits superposés, et trois des quatre ensembles se touchaient les uns les autres. Autant dire que le tout se trouvait sur quinze mètres carrés maximum, et ce sans compter les casiers et la minuscule douche dans la chambre. Quand on ne peut ni s'asseoir sur son lit (surtout moi, ça va sans dire) ni marcher en ligne droite tant le sol est occupé par les sacs/valises/chaussures, on a intérêt à ne pas être claustrophobe. Sans compter qu'il faut avoir la mémoire des chiffres et des lettres (ce que je n'ai pas, à moins qu'il s'agisse de dates dans me cours), pour retenir le code qui permettait l'entrée de la chambre.
Niveau confort, il y avait peut-être trois prises pour douze, pas de lampe de chevet (bah oui, il n'y avait pas de chevet...) et les lits étaient grinçants, un peu terrifiants, hein, n'ayons pas peur de le dire : quand votre nez se trouve à 30 cm du matelas de votre voisin, il y a pas mal de scénarios qui défilent dans votre tête!
Pour le petit déjeuner le lendemain, étant donné qu'il finissait aux aurores ou presque, nous avons été plutôt prompts à descendre. Puis notre groupe s'est quelque peu divisé : les jumelles n'étaient en effet pas intéressées par le London Eye, cette grande roue permanente dans le centre qui permet d'avoir un panorama de toute la ville, c'est pourquoi nous y sommes allés de notre côté, Charlotte, Bastien et moi. La queue était très impressionnante, mais en fin de compte ça avançait vite. Bastien eut quelques difficultés à retrouver son ticket au moment-clef, mais je ne peux pas le blâmer puisque à l'attraction suivante, c'était moi qui l'avais égaré dans une de mes nombreuses poches... Oui, on est doués parfois, dans notre petit groupe. Une fois dans l'espèce de bulle de verre ovale nous avons pu admirer à notre aise les différents bâtiments ainsi que le ciel uniformément gris britannique. Je ne suis pas particulièrement sujette au vertige, mais regarder la structure de la roue n'était tout de même pas pour me rassurer, alors je me suis remise à essayer d'identifier St Paul, le Parlement, sans parler du siège du MI-6 de James Bond (qui est en fait MI-5 sur le plan) que nous avons cherché un bon moment avec Bastien, sans vraiment parvenir à le voir. Aurait-il vraiment été détruit?
Mais trêve de plaisanterie. Après le London Eye, nous avons vécu une expérience hors du commun, hors du temps, dangereuse, même... le London Dungeon (oui, ils veulent être sûrs que vous savez dans quelle ville vous êtes). Le principe de ce lieu est d'expliquer au visiteur Londres à travers ses plus horribles et sordides anecdotes : qu'il soit question de peste, du Powder Plot qui faillit détruire le Parlement, de la justice quelque peu inique qui envoyait à la potence le premier venu, ou de célèbres personnages comme Sweeney Todd ou Jack the Ripper, tout y est passé! A part un léger incident avec les barques de Henry VIII, tout s'est bien passé, ou presque. En effet, sachant qu'entre les scénettes il valait mieux ne pas se déplacer seul et en avant du groupe (ou en arrière), nous avons bien sûr envoyé Bastien en éclaireur. Le bond qu'il a fait lorsqu'un acteur l'a surpris au détour du chemin! On a beau s'y attendre...
C'est encore lui qui fut choisi pour cobaye par le chirurgien de malheur, quelques attractions plus loin. Contentes d'être loin du faux sang qui sortait du pauvre patient, nous ne nous attendions pas aux bestioles qui se faufilèrent sous notre banc. Ou plutôt que nous avons cru sentir se faufiler. C'était à notre tour de bondir.
L'épisode qui restera à jamais dans ma mémoire fut néanmoins celui du juge. J'appris alors une nouvelle expression en anglais : let's booeem. Il ne nous fallut pas beaucoup de temps pour comprendre "Let's BOO him!" "Boo!!" Boo!" Autant dire que nous nous sommes abstenus de mentionner que nous étions francophones, n'est-ce pas. Ce qui ne nous empêcha pas de boo-er non plus, faut-il le dire. Le shop était impressionnant de têtes de morts et autres objets glauques. On y est restés un petit moment.
Plus tard dans la journée nous avons éprouvé l'immense satisfaction de ceux qui possèdent leurs tickets à l'avance, celle de couper une queue qui semble infinie, au Madame Tussauds de Londres, où se trouvent toutes les célébrités du moment, en cire. Nous avons donc salué Katniss, Sherlock, Wolverine, mais aussi Oscar Wilde et Marilyn! Après un questionnaire interactif à (au moins) 36 000 questions (faut dire qu'il pleuvait un peu dehors), nous avons rejoint les Queen Mary's Gardens, où il y avait un très joli jardin japonais, entre autres, qui intéressa l'architecte du paysage du groupe, j'ai nommé Mégane.
Le lendemain nous avons commencé en fanfare : nous avons en effet attaqué le British Museum. Encore une longue file, encore un Star Bucks, et un détecteur de métaux pour entrer. De jolies photos en cascade devant les imposantes colonnes grecques du musée, et nous étions prêts à passer à l'assaut. Des groupes se sont à nouveau formés, mais je suis partie de mon côté. Je pense en effet que chacun a son rythme dans un musée, et, si je voulais regarder tout mon saoul, je voulais aussi m'aventurer dans un maximum de salles de cette institution que j'avais depuis si longtemps rêvé de visiter. Armée de mon plan (ok, ça fait beaucoup de métaphores militaires, mais je disposais de peu de temps, rappelons-le, puisque moi, je pourrais rester toute une journée là-dedans), je passai devant la Pierre de Rosette, un gardien d'une cité mésopotamienne aux inscriptions cunéiformes, d'innombrables cercueils pharaoniques,... Et j'en passe et des meilleures. Une exposition de satires anglaises napoléoniennes me fit bien rire, sans compter celle sur l'art japonais, qui me fit m'extasier. Néanmoins quelle ne fut pas ma surprise en me trouvant être la première au rendez-vous fixé sur les marches! L'expérience avait parlé, je dirais... J'avais eu en outre le temps de faire mon shopping. Résultat des pertes : un sac en toile, un magnet, du chocolat, une pièce d'échec (la reine) et le guide du musée. Et encore, j'ai résisté à la reproduction du Rhinocéros de Dürer.
Ensuite nous sommes retournés sur Regent Street, histoire de faire un peu les magasins, avant de raccompagner à la hâte les filles à St Pancras, pour qu'elles prennent leur Eurostar.
Charlotte, Bastien et moi avons continué le soir même, en car de nuit, vers le Nord, direction : Édimbourg!
Au retour de cette super ville (dont je parlerai dans un autre article), nous avons pu tous les trois profiter encore un peu de la capitale. Arrivés cette fois-là à l'aube, nous sommes allés voir du côté de la célèbre Tower et de son Tower Bridge, vraiment magnifique dans la brume du matin, que nous avons admiré en dégustant un petit déjeuner au bord de la Tamise. Puis nous avons longé le fleuve, vu le Shakespeare Theatre, la Tate (tous fermés, étant donné l'heure) et le Millenium Bridge, le pont qui se tord au début d'un Harry Potter (le sixième, je crois).
Nous avons ensuite rejoint à notre tour St Pancras, et je dois dire que je ne me souviens plus du trajet : je me suis assoupie tout du long. Charlotte seule a noté que nous passions à nouveau sous la Manche.
Je conclurai en disant qu'à part le métro, tout bonnement inabordable, et les prix en général (sont à exclure de ce commentaire les musées, gratuits, bien évidemment), Londres nous a énormément plu! C'est une ville surpeuplée, mais qui a réussi a garder de magnifiques parcs. Ses buildings sont impressionnants, mais subsistent néanmoins aussi de jolies petites rues, Baker Street pour ne pas la nommer, où nous avons très bien mangé (italien), à quelques pas du 221 B.
Je conseillerai aussi à tout le monde le London Dungeon : n'ayez pas peur d'y aller, même si vous ne comprenez pas tout, ça vaut vraiment le coup. Mais bien sûr, cela vaut pour tout en général, tentez l'aventure!
Bisous à tous, à la prochaine,
Alex.