Mexique

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Dernier voyage en date : Mexique

mardi 2 août 2016

Turquie


Je suis partie pendant la troisième semaine de juin avec Charlotte et Marine en Turquie pour une raison tout à fait primordiale : le soleil. Après la session pourrie qu'on s'était tapée, la perspective de se dorer la pilule était tout bonnement irrésistible (why should we resist anything?), sans compter qu'une fois n'est pas coutume nous avions terminé nos examens à peu près en même temps, ou devrais-je dire Cha avait terminé à une date décente.

Tout d'abord je dois raconter la façon dont nous réservé ce voyage, car je l'adore. C'est Marine qui me l'a rappelée un peu plus tard, et cette prise de conscience m'a fendue d'un sourire immense que j'ai encore chaque fois que j'y pense : nous avions eu une traditionnelle soirée films la veille, et au réveil, disons, vers 11h, ou quelque chose dans ce genre, nous avons pris un petit déjeuner dont la conversation a vite dérivé sur les voyages (rien de particulièrement notable donc, j'en conviens). Ni une ni deux, nous étions sur nos smartphones, histoire de checker les last minutes, pour cinq minutes plus tard décider d'embrayer la vitesse supérieure et d'allumer mon ordi portable.

Une destination nous a intrigués : la Bulgarie. En effet, pour moi, ce pays de l'est, plutôt reculé, se résumait à des vêtements chauds allant jusqu'aux toques en fourrure tout droit sortis d'Anastasia... ce qui est bête (étant donné que ce dessin animé prend bien sûr place en Russie) et restrictif, je l'avoue. Tout à fait à côté de la plaque qui plus est, puisque ce pays a une côte sur la Mer Noire, et donc des palmiers et du sable blanc, au contraire! 
Après le départ de Charlotte et Bastien, nous n'avons pas mis beaucoup de temps avec Marine pour nous regarder dans le blanc des yeux et nous dire quelque chose du genre "Tu penses à ce que je pense?" et à filer (ok, on a quand même pris quelques minutes pour s'habiller. Quand même.) à l'agence de voyages en bas de ma rue pour nous enquérir des offres disponibles pour cette destination. Malheureusement, rien de convaincant sur la Bulgarie, mais ce n'est rien, on garde ça en tête : à la place, la dame nous a trouvé plusieurs hôtels en Turquie, et après avoir arrêté notre choix sur l'un d'entre eux, nous avons appelé Cha. La question du terrorisme a été soulevée (à raison, puisque une semaine après notre retour, il y a eu une explosion dans l'aéroport d'Istanbul, sans parler du coup d'état manqué à Ankara un peu plus tard) mais comme a dit notre amie de l'agence, où sommes-nous en sécurité de nos jours? L'hôtel en question étant dans les environs d'Antalya, plus précisément près de Kemer, sur la côte, cela nous a semblé plutôt safe, et nous sommes vite passées à autre chose. Ensuite, je dois avouer que j'ai eu quelques ennuis avec ma carte bancaire, mais à force de ténacité, j'ai prévalu. ...C'était fait! En moins de deux heures, nous avions eu réservé huit jours de soleil, plage et piscine. Le bon-heur.

La veille de notre départ nous sommes allés au Parc Astérix (encore une fois, une idée émise et appliquée en moins de deux) à quatre - avec Bastien, ce qui promettait d'être crevant, surtout pour Cha qui conduisait, mais bon, pourquoi pas après tout : nous allions nous reposer dès le lendemain sur un transat. Cette journée s'est super bien passée : le trajet était un peu long peut-être, mais comme celui de Lille, nous avons mis de la musique et nous avons bien papoté et ri, donc chouette. Dès le parking nous avons eu un aperçu de la décoration du parc ; elle était aussi géniale que dans mon souvenir. Je dois avouer que je n'ai pas fait toutes les attractions avec mes compagnons, mais qu'importe, j'en ai bien profité aussi! L'ambiance était super, les amis de top qualité, la foule presque inexistante et le temps... disons qu'il n'a pas trop plu. Sans compter que j'ai eu ma traditionnelle barbe à papa.

Le retour s'est fait dans la même atmosphère joyeuse ; Charlotte nous a ramenées Marine et moi à mon appartement (la veille au soir ils avaient tous les quatre dormi à la maison, de manière à ne pas devoir faire omnibus au matin, donc Marine avait déjà sa valise prête), puis Bastien à son kot je pense, puis elle est rentrée terminer son bagage, ce qui s'est révélé être plus complexe que prévu étant donné l'annonce d'une grève de bagagistes pour le lendemain, ce qui l'a forcée à transvaser ses affaires dans une valise plus petite, histoire de pouvoir la prendre en cabine. Autant vous dire qu'elle n'est pas arrivée avant minuit et demie et a préféré m'envoyer un sms au cas où Marine serait déjà couchée (faut dire qu'on partait très très tôt le lendemain). Bien sûr, personne n'était au lit, et le temps qu'on rage bien copieusement sur les grèves en général... je ne vais pas vous faire un dessin. Moi? J'ai dû enlever tous les objets interdits en cabine de ma valise, j'ai donc pris une pause dans la conversation susdite pour me raser.

Quelques heures plus tard donc, nous nous levions, après ce que j'appellerais une grosse sieste. Le taxi nous déposa bien à l'extérieur de l'aéroport, vu les nouvelles consignes de sécurité qui incluaient un contrôle des bagages avant de rentrer dans le grand hall. Malgré tout ça, nous sommes rapidement passées. On a découvert mon coupe-ongle (shame on me pour avoir osé le prendre avec moi) mais le monsieur me l'a gracieusement laissé. En attendant l'embarquement Cha et moi avons encore vaguement somnolé, ce qui a bien sûr incité Marine a prendre une photo des deux loques qu'on était, mais je ne la blâme pas, c'était tout bonnement irrésistible. A peine l'avion décollé, j'ai bien sûr sombré.

La vague de chaleur mes amis en sortant de l'avion! J'adore. Après les douanes (et pour les filles, le contrôle de visas, corvée épargnée par mon statut français - allez savoir), nous avons cherché quelqu'un avec une petite pancarte "Corendon" (l'agence du genre Jetair du coin) sans la trouver, pour nous rendre rapidement compte qu'il y avait des stands un peu plus loin, avec des agents tous debout, si pas au soleil, tout du moins dans la chaleur! L'un d'entre eux nous a indiqué le car à trouver. Arrivées dans les environs, nous nous sommes adressées à un homme qui n'avait clairement aucune idée de l'hôtel dont nous parlions mais qui nous a donné des indications quand même, indications que nous nous sommes bien sûr empressées de ne pas suivre. Il s'est trouvé que le car que nous cherchions était juste à côté, et de la même compagnie que l'incapable qui nous avait "informées". Soit. Comme je dirai plus tard... La Turquie, c'était cool, mais sans les Turcs. (Un peu dur, mais faut dire qu'on est pas souvent tombées sur des gens super aimables et efficients)
Heureusement que je m'étais changée en robe dans les toilettes, il faisait tellement chaud. Les réceptionnistes ne se sont pas révélés beaucoup plus vifs que notre apprenti indicateur, mais soit, nous avions la carte de la chambre et nos bracelets all-in, nous n'allions pas nous plaindre. Après un bref intermède d'ascenseur inutile nous avons donc investi notre chambre.

Clairement, ce voyage peut se résumer à un mot italien béni des dieux : farniente. L'hôtel disposait d'une belle piscine entourée de transats et de parasols, mais aussi d'une mer d'un bleu si pur! Turquoise, c'est le cas de le dire (quel trait d'esprit, n'est-il pas?)
Moi qui ne raffole pas spécialement de la mer, je dois dire que les installations étaient excellentes : en effet, un ponton y donnait accès par plusieurs échelles, donc pas besoin de s'embêter avec le sable et les cailloux! La plage était aussi bien pourvue de protections contre le soleil, ce qui nous mène au dilemme cornélien qui a occupé toutes nos journées, pauvres de nous. Plage ou piscine?


Bien sûr l'hôtel avait aussi nombre de restos/bars, de manière à pouvoir manger presque 24h/24! C'était génial. Le lendemain nous avons profité du Late Breakfast de 10h à 11h (ok, on était là à moins dix). Bon who am I kidding on en a profité de A à Z sauf les deux jours où nous avions une excursion. Ensuite, bien sûr, nous n'avions pas faim avant la fin du repas de midi standard, donc nous nous "rabattions" sur le Food Court et son "snack". Honnêtement je ne suis pas sûre qu'ils aient vérifié au dico le sens du mot snack. Pour se donner une idée de la différence, nous avons fait l'effort une fois d'aller au resto normal : en gros, le snack présente deux fois moins de buffets pour ce qui est du plat de résistance, mais autant d'entrées et de desserts. Un truc de fou. On s'est régalées, croyez-moi, surtout que leurs spécialités étaient le poulet et les pommes de terres. Faudrait vraiment être difficile pour se plaindre, n'est-ce pas?

Une chose nous a tout de même déçues à ce niveau : le mythe du potato bar. Sur le papier, ça semblait être le paradis, mais pour commencer, sa localisation ne fut pas aisée. Tellement peu aisée que nous avons dû demander à un réceptionniste qui... n'en avait aucune idée non plus. Il nous a donc donné sa meilleure approximation (soit le bar de la piscine) tout en rigolant de nous (faut dire qu'on s'était déjà changées en tenues de soirée, et que le potato bar... disons que ce n'est pas le plus classe, ne serait-ce que de nom, n'est-ce pas?). Mais ce n'était pas bien grave, celui-là était sympathique au moins! Même si son anglais n'était guère meilleur, oupsi.
Nous nous sommes donc rendues sur les lieux, pour vite comprendre que ce n'était vraiment pas grand chose, seulement une espèce de mini buffet avec quelques sortes de pommes de terre. Je ne saurais pas vous dire à quoi on s'attendait, mais à plus en tout cas... heureusement qu'on avait plus faim!
A part ça, chaque jour on pouvait avoir une glace d'un goût différent. Bien sûr, les goûts intéressants étaient les jours où on était pas là mais nous avons tout de même pu en manger une fois. Je ne sais pas ce qu'on serait devenues sans.

Le soir, après avoir mangé sur une terrasse à l'extérieur (bon sang quel plaisir de faire ça, surtout l'été!), nous sommes allées au spectacle brésilien proposé par le staff. Pas très typique, donc, mais très sympa. Ensuite nous avons essayé un cocktail (dans mon cas, infect, malheureusement) du menu all-in. Qu'à cela ne tienne, nous étions encore une fois bien installées sur un transat, et nous avons papoté. Quel bonheur, un break comme ça après toute la tension de nos exams! Nous étions au paradis. Sans compter que le ponton avait un charme tout particulier le soir (une fois dûment ignoré un touriste francophone agaçant, je veux dire).
Puis nous avons profité du bar-terrasse, où j'ai quelque peu déstabilisé le barman avec une demande étrange qui consistait à me verser une liqueur de menthe non dans un cocktail, mais on the rocks. Ça a dû le marquer, pour une fille. Please, c'est du Get 27 quoi. Plutôt drôle, sa façon d'hésiter en versant, et un peu agaçante aussi.

La lune, un élément central de notre voyage

Le lendemain, nous avons fait à peu près la même chose, et le jour d'après aussi. A un moment, nous avons rencontré celui qui devait nous vendre nos excursions, un autre incapable, si je puis me permettre. Premièrement, il ne savait parler que néerlandais. On se débrouille avec les filles (surtout à trois) mais bon, un minimum d'anglais, c'est pas du luxe, tout de même. Il a commencé par nous dire qu'il allait trouver quelqu'un qui parle français au téléphone, puis a essayé de nous vendre la plus chère excursion pour Antalya, sans vraiment expliquer la différence de prix (qui s'est révélée être due à l'aquarium, dont nous n'avions en toute honnêteté rien à battre) pour finir par expliquer que les dates seraient compliquées : bookées, valables seulement en haute saison,... j'en passe et des meilleures. Vous vous doutez bien que nous avons obtenu les deux excursions que nous désirions, même si celles-ci étaient deux jours d'affilée.
Ce soir-là, c'était soirée tresses. Charlotte nous a trouvé différentes sortes de coiffures et a eu la patience de les mettre en œuvre, c'était tellement chouette! Quel plaisir de se préparer pour le resto du soir, pas pour les autres, mais pour soi-même, pour marquer le coup des vacances, du resto, de l'été, d'être avec des amies! Et parce qu'on a le temps de se changer trois fois dans la journée, si on veut. Quel plaisir.

Après le repas nous nous sommes installées sur le ponton en béton, les pieds dans la mer. La température de l'eau le permettait (que dis-je, l'exigeait) et la température à l'extérieur... disons qu'elle tombait de dix degrés par rapport à la journée, oh la la.

Merci à Marine pour cette photo... cruelle

Le lendemain nous avons finalement cédé à l'insistance de l'animateur de l'hôtel, qui nous harcelait pour un tour en bateau dans les cavernes naturelles du coin. Il faut dire qu'on est absolument pas des push-overs : plus vous allez le dire, moins on va avoir envie de le faire (ce qui eut d'ailleurs pour effet d'annihiler toute idée de massage/hammam/sauna que nous aurions pu avoir, dû aux insistances horripilantes de la dame qui procurait les serviettes, d'ailleurs) (... ce que nous n'avons pas hésité à amplement expliquer dans le questionnaire de satisfaction de l'hôtel) (ok, surtout Marine, mais on a tout de suite sanctionné son texte cinglant, croyez-moi). Et tout ça dans un anglais aussi intelligible que possible, histoire d'être vraiment bien comprises. 
Qu'est-ce que je disais? Ah oui, la balade! Le type voulait qu'on la fasse dès le premier jour... sans blague. Non. Donc deux jours plus tard, nous avons concédé, parce que des dames nous l'avaient conseillée, parce que nous nous étions reposées et que nous voulions sortir de l'hôtel un peu, etc. Pas parce qu'il avait besoin de nous pour compléter son groupe. Et pas non plus parce qu'il en pinçait un peu pour Marine, comme nous le comprendrions un peu plus tard.

Quoiqu'il en soit, c'était très sympa. Le conducteur était très relax, jusqu'à tenir la barre avec son pied en écoutant de la musique à fond et à nous autoriser à "prendre le volant" au retour. D'accord, d'accord, c'était tout droit. Mais il aurait pu y avoir des récifs, qui sait. Des courants violents même, pourquoi pas? Quoiqu'il en soit, sa fonction de guide consistait à s'arrêter parfois pour nous donner le nom d'un grand hôtel. Encore une fois, why not? Arrivés à hauteur de Kemer, j'ai pas mal rigolé ; une rue était tout droit tirée des Pays-Bas! Tout à fait inattendu.



Nous étions contentes d'atteindre les cavernes, croyez-moi, la chaleur était suffocante. Il a commencé par nous montrer l'intérieur d'une petite cavité, puis nous nous sommes arrêtés dans une bien plus grande. Je ne suis pas spécialement pour les chocs thermiques, mais là je dois avouer que la perspective de sauter dans l'eau m'alléchait. Jusqu'à ce que Marine me dise qu'elle était glacée. A quoi servent les amis dans ces cas-là, si ce n'est pas à mentir, je vous le demande! N'écoutant que mon courage et mon thermomètre interne surchauffé, je sautai. Woaw. Elle ne mentait pas, mais ça faisait du bien quand même. Après avoir nagé un peu pour retrouver l'usage des pores de ma peau, je les ai rejointes, et c'est là qu'a commencé un des délires les plus étranges du voyage : je l'ai appelé l'Obsession de l'Etoile. Telles des nageuses synchronisées intoxiquées, nous essayions de former avec nos jambes une étoile équidistante en joignant nos pieds de manière concomitante. Oui, voilà, c'était le foutoir, quoi. Qu'est-ce qu'on a ri! Les autres touristes ont dû nous prendre pour des folles, mais on s'en fichait, c'était irrépressible (la figure comme le rire qui en résultait).

Prise par un touriste ignorant le principe du contre-jour, semble-t-il

C'est avec le cœur lourd que nous sommes donc retournées sur le bateau, donc, et la dure perspective de retrouver nos tongs sur la plage de l'hôtel, tout à fait exposées au soleil, et donc brûlantes. La vie est injuste tout de même, nous devions retourner à nos transats. Mais avant, il fallait régler la sortie, et ce en cash, puisque leur machine n'acceptait nos cartes. Nous avons donc retrouvé notre conducteur, qui nous a ... eh bien conduite à l'ATM le plus proche, où nous pouvions même retirer des euros! Je dis "nous", je devrais dire "Marine" en fait, puisque celle-ci a très égoïstement retiré le dernier billet disponible. Cha et moi sommes passées tour à tour, réessayant plusieurs fois, sans succès. Je vous jure que le type commençait à se poser des questions, tout adossé nonchalamment à la voiture qu'il était. Pour finir, j'ai sorti quelques billets locaux en pouffant de rire, la situation étant tout de même cocasse.

Ce soir-là je pense, Marine et moi avons expliqué les grandes lignes de Shadowhunters. Cela nous a pris moins de temps que ce que nous avions mis pour faire de même quelques semaines plus tôt, et surtout c'était plus ou moins clair! Faut dire qu'alors nous avions lu The Mortal Instruments (six bouquins), étions en train de lire The Infernal Devices (trois bouquins) et avions vu le film et la première saison de la série. Pas mal d'imbroglios et de retournements de situations à expliquer, donc. Cette conversation nous a bien sûr mené à un moment particulier de l'épisode 12, quand Alec avoue enfin ses sentiments à Magnus... enfin je ne vais pas tout vous déballer maintenant, ce serait trop long! Quoiqu'il en soit, une soudaine envie de revoir cette scène paroxystique nous a prises, et comme il n'y avait pas de wifi dans la chambre, nous sommes sorties en pyjama dans le hall d'entrée (ou plutôt à l'entrée des toilettes) pour la montrer à Charlotte. A mon avis, le réceptionniste a dû nous prendre pour des folles, mais tant pis, ça en valait le coup!



Le 22 juin, à 21h, avait lieu le dernier match du groupe E de l'Euro UEFA 2016, autrement dit, Belgique vs Suède. La lune, ce soir-là, avait une teinte rouge, I swear to god. Les Red Devils devaient gagner, l'alternative était inenvisageable. Nous étions en tout une petite dizaine de touristes à regarder le match, qui nous a tenu en haleine jusqu'à la fin (ils ont gagné). Ils avaient intérêt, après tout, tout le monde était en t-shirt de foot. Sauf nous, d'accord, mais nous étions en noir, jaune, rouge quand même! Nous nous sommes d'ailleurs permis de remplir le tableau des résultats de l'hôtel, puisque personne ne le faisait (pour la Belgique hein, le reste on s'en fiche).

Le lendemain nous avons visité Antalya, avec la petite surprise de se rendre compte que le guide ne savait, à l'instar du type qui nous avait assuré le contraire, pas parler français. Le néerlandais était à nouveau à l'honneur, mais ce n'était vraiment pas grave, puisqu'il avait un accent impeccable et nous pressait de l'arrêter si on voulait qu'il traduise quoi que ce soit en anglais. La visite a commencé par les chutes de la ville (40 m). Jolies mais pas très impressionnantes : quelques mois auparavant j'avais vu au Québec celles de Montmorency, qui tombent sur 83 m.

J'avoue... on ne voit pas bien la différence mais...
les photos sont prises à des distances... différentes.

En attendant les filles qui étaient allées aux toilettes (et apparemment, avaient dû subir la vue d'un insecte particulièrement dégoûtant... et après on s'étonne que je bois le moins possible pendant ce genre de sortie), un petit chat tout mignon est venu me dire bonjour, ce qui m'a bien sûr obligée à les appeler à grands renforts de bras quand elles sont enfin sorties. Tout ceci en s'appliquant à ne pas remarquer que le guide commençait à s'impatienter, bien sûr. Après cela nous avons "visité" une immense bijouterie, où j'ai craqué mon budget et où les filles se sont fait harceler... tout à fait standard, donc. Nous avions expliqué à Marine notre théorie sur le raisonnement masculin dans ce genre de pays lorsqu'ils voient deux filles sans homme pour les chaperonner... il me suffit de dire que si nous avions voulu échafauder une étude, les résultats auraient été très, très clair. On a pas arrêté de leur poser la question fatidique : "Vous êtes sœurs?" In-cro-yable. 

Après cet achat mirobolant, nous avons enchaîné avec un magasin de cuir et de fourrures, avec même un petit défilé! Certains manteaux étaient vraiment doux, c'était fou.

N.B.: on dira ce qu'on veut, Cruella / Glenn Close était magistrale.

Ensuite nous avons réellement atteint Antalya, où nous avons fait un petit tour du centre jusqu'à la marina. Nous avons embarqué sur un des nombreux bateaux pirates pour une balade.

Après cela, nous avions pas mal de temps libre, d'ailleurs c'est à ce moment-là que nous nous sommes heurtées là à la drôle de manière qu'ont les néerlandophones de compter les demi-heures! (soit dans le mauvais sens, pourrait-on dire), nous nous sommes donc efforcées de retrouver le chemin du centre. Je suis rentrée dans deux mosquées, ce qui était plutôt simple en fait puisqu'on nous proposait des voiles pour couvrir notre tête et nos jambes si besoin. Après une sorte de café frappé, nous avons même fait des achats dans un magasin du genre de H&M.

Rentrées à l'hôtel, nous nous sommes précipitées dans notre chambre pour nous changer et sauter dans la piscine (ou était-ce le lendemain?) et le soir même Marine et moi mettions une nouvelle robe. Après le repas nous avons succombé à un cliché, certes, mais de manière ironique : j'ai nommé le photo shoot maison. En effet, les jours précédents nous avions vu plusieurs personnes se photographier tour à tour dans des positions de starlettes, sur la plage, adossées aux cordages du ponton, etc. Nous avions même été accostées par un énième membre du personnel de l'hôtel pour un vrai shooting, le genre de truc qui prend une demi-heure, et dont la première photo est gratuite. Non merci. Comme dit Charlotte, quel gaspillage de son temps! Sans compter que le type voyait bien qu'on pouvait faire nos propres clichés. C'est pourquoi donc, ce soir-là, nous décidâmes de parodier ces gens un peu ridicules à notre avis, en utilisant l'appareil photo de Cha et son retardateur. Quelles photos, mes amis! Excellentes de naturel, impressionnantes d'authenticité. Jusqu'à la pose Haka des rugbymen néo-zélandais!

Allez, juste pour le plaisir :

 


Le lendemain nous avons visité quelques sites archéologiques de la région ainsi que l'église Saint-Nicholas, où le saint repose apparemment, en effet , il s'agit d'un endroit très important pour les chrétiens orthodoxes, qui vénèrent encore aujourd'hui la tombe du saint illustre, à grands renforts de prières, icônes et chapelets. Le reste du site restera quelque peu flou dans ma tête, étant donné le compte-rendu tout sauf exhaustif du guide de cette excursion-là. Il parlait encore néerlandais, mais je vous assure qu'ici ce n'était pas le problème. Non, des explications, même si elles sont dans une langue que vous ne maîtrisez pas entièrement sont tout de même utiles ; leur absence, elle, vous bouffe. Et c'est exactement ce qui s'est passé! Agacées d'avoir tant de temps libre sans ne serait-ce qu'un panneau informatif valable, une idée a commencé à germer dans nos têtes : s'informer à la source du savoir ultime, soit notre prof d'histoire du secondaire. Autant vous dire que nous ne l'avions pas vu depuis au moins deux ans, mais Marine ayant encore son numéro dans son portable, nous avons appelé. Oui, vous m'avez bien comprise. Nous avons appelé un ancien professeur out of the blue depuis la Turquie. Un grain de folie, mais franchement l'idée était trop belle pour qu'on se défile. Je suis malheureusement tombée sur son répondeur, et en mode haut-parleur, le message ne devait pas être très compréhensible, mais cela importe peu pour finir, puisque notre prof miracle nous a rappelé tout de suite après! Quel trip d'entendre à nouveau sa voix! Après avoir écouté patiemment la raison de notre agacement du moment, il a répondu (non sans raison, je l'admets) qu'on ne pouvait pas vraiment se plaindre, vu les vacances qu'on s'offrait, et qu'en tant qu'étudiante en histoire de l'art, je devrais pouvoir parler du site. C'est une des choses que j'adore chez lui, sa capacité à piquer au vif de manière tout à fait justifiée et efficace! Quoiqu'il en soit, la discussion n'a pas duré longtemps mais elle en valait le coup, rien que pour les souvenirs de ses cours et de ses voyages (lui-même était en chemin pour son traditionnel voyage d'histoire de l'art de fin d'année).

Ensuite nous avons rejoint le site de Myra-Demre, avec ses tombes lyciennes troglodytes et son théâtre romain, tous deux sincèrement de toute beauté mais teintés encore une fois par ce manque flagrant d'information, heureusement comblé par un autre guide parlant français. En effet, deux touristes du groupe venaient de Binche (autant vous dire qu'elles ne comprenaient pas un mot de ce qui se disait non pas qu'il s'en disait beaucoup) et avaient entendu un homme expliquer le site un peu plus loin, nous en avons donc profité pour nous coller à ce groupe inconnu. Quand il eut fini, il nous fit même un petit topo de ce que nous avions loupé, vraiment très sympa.
Pourtant, nous avons essayé de ne pas trop nous associer à elles et ce pour une raison toute simple : elles étaient d'une négativité sans bornes. Et les filles et moi ça, on peut pas. Rien qu'au midi, l'une d'elle nous a écorché les oreilles sur la qualité et la variété toutes deux moyennes du repas. Honnêtement, ce n'était pas si mal que ça, et je suis pas quelqu'un de super facile niveau nourriture.
Soit.

L'après-midi, nous avons à nouveau pris un bateau, plus petit cette fois. Nous avons vu l'île de Kekova, dont j'apprends le nom et l'histoire en écrivant ceci. Il s'agit d'une ancienne ville lycienne partiellement détruite par ce qui semble être un tremblement de terre et dont on peut encore voir la base des constructions (comme des escaliers, etc..) à la surface. Très joli!
Un peu plus tard (après qu'on nous ait à nouveau demandé si on voulait des photos de nous, sur des assiettes, par exemple) le bateau s'est arrêté dans une crique, et encore une fois, nous étions contentes de pouvoir nous rafraîchir.

Au soir nous avons eu droit à un autre spectacle, turc cette fois-ci. L'animateur avait une façon de parler anglais bien à lui. Disons que je ne savais jamais très bien où était la césure entre son speech en turc et celui dans une langue compréhensible pour nous. Une chose m'a particulièrement frappée dans ce spectacle, c'est le danseur qui, dans le noir, tournait sur lui-même à l'infini. Sa tunique était blanche et les projecteurs bleus, ce qui donnait à l'ensemble un côté tout à fait irréel fascinant. La fascination en fut accrue lorsque, s'arrêtant, le danseur ne se donna même pas la peine de tituber en retournant dans les coulisses.


Étant donné que cette soirée était notre dernière, nous en avons bien profité : nous avons à nouveau trempé nos pieds dans la mer (c'était devenu notre petite habitude) en déplorant ne pas être assez loin pour ne pas entendre la mauvaise musique du karaoké, puis nous avons rejoint le ponton en bois pour admirer notre premier lever de lune (sur la mer, no less).

Le lendemain nous avons profité une dernière fois du Late Breakfast (ayant pris la précaution la veille de faire nos valises pour profiter au max de notre lit), puis des transats, puis du repas de midi, où nous avons cherché à boire une coupe de champ, sans succès malheureusement. Juste avant de partir, plus tard dans l'aprem, nous avons dépensé nos derniers deniers dans des tuiles et biscuits pour accompagner un apéro où nous avons porté un toast à... nous, bien sûr et aux bonnes idées qu'on met en application (et dieu sait qu'on ne manque pas de ces dernières!


Au plaisir d'être à nouveau une épave avec vous les filles!


God I love her



mardi 31 mai 2016

Berlin


Tout d'abord il faut que je vous explique un peu le contexte extraordinaire de ce voyage-ci. Mes amis et moi ; Charlotte, Bastien et Marine, la petite nouvelle (seulement pour ce qui est de nos légendaires city-trips hein, pour le reste c'est une habituée) devions partir à Berlin le 31 mars. Malheureusement, le 22, des imbéciles avaient décidé de se faire sauter dans le hall des départs, ainsi que dans une station de métro du centre, tuant beaucoup d'innocents au passage. Notre voyage semblait donc être compromis. Mais mes amis étant géniaux, nous avons vite décidé d'un commun accord que nous ne devions pas annuler notre break à cause de ces fous extrémistes. 
La partie risquait néanmoins d'être serrée, car bien sûr Zaventem (Bruxelles National) était fermé jusqu'à nouvel ordre. Notre compagnie aérienne avait dévié ses vols vers Lille, ce qui n'était pas vraiment un problème étant donné que notre championne, j'ai nommé Cha, pouvait nous y conduire en voiture. Tous les trois avaient donc prévu de dormir chez moi pour lui éviter de faire omnibus à 5h du matin. Que dis-je... 4h, puisqu'il fallait être très à l'avance, vu les circonstances. Autant dire que je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit-là!

Seulement voilà, la veille ou presque nous apprenions, non sans horreur, que les aéroports français allaient subir des grèves de la part des fonctionnaires le jour de notre départ. Encore une fois, je n'ai pas été déçue par mes amis. Tous les trois ont dit quelque chose qui s'approchait fort de "Qu'ils aillent se faire f**! On essaye! On y va et on verra sur place. On est des petits Belges (ok, j'ajoute peut-être le "petits"), ils ne vont pas nous faire ch** hein!" (beaucoup de frustration ce jour-là, je ne sais pas si ça sent). Sans compter que vu le choc émotionnel encore très présent dans les esprits, le coup de nous empêcher de partir aurait vraiment été bas. Bien nous a pris, les vols touchés par l'action étaient tous nationaux. Yes! Tant pis pour vous, les Bordelais, les Niçois! Nous d'abord, priorité quoi. 
Je dois dire que l'aller fut étonnement joyeux : nous avions promis de rester éveillés, et pour ce faire nous avions emporté de nombreux cd de compilations des années 2000. C'était très drôle, des inconnus aujourd'hui nous sont revenus en mémoire, d'autres étaient... eh bien, inconnus, et d'autres encore nous ont paru de vrais joyaux (l'occasion de renflouer ma playlist) .
Une atmosphère de victoire a flotté lorsqu'on a été certains de décoller, je ne vous le cacherai pas. Nous avons pris un semblant de petit-dèj, avons passé à travers un semblant de sécurité puis nous avons attendu (ok, pas mal de temps). Lorsque l'avion a décollé, je dois avouer que j'étais déjà à peu près dans les vapes. L'atterrissage s'est fait environ 45 secondes plus tard, ou c'est ce qui m'a semblé en tout cas. 

Mon manteau, gentiment attaché par le steward.
C'est bon de savoir que la sécurité prime, pour tout le monde.

Le transfert de l'aéroport à Berlin se fit tout seul : la légendaire organisation germanique nous offrait son premier aperçu. Nous avions quelques minutes à marcher jusqu'à la station des "S". Je mets des guillemets car on a pas su trouver de réel équivalent à ce mode de transport : il s'agit d'une sorte de métro ("U") mais qui fonctionne comme un tram, tout en s'arrêtant dans les gares. Quoiqu'il en soit, au début de ce long et fastidieux périple d'au moins 500 mètres, il y avait un écran annonçant dans combien de minutes le prochain transport allait passer. En effet, pourquoi courir pour rien?

Sur le chemin nous avons vu un couple pique-niquer sur le semblant de pelouse devant l'aéroport. Ils sont bizarres ces Allemands.

 

Arrivés à Checkpoint Charlie, un haut-lieu de la ville qui explique les frontières instaurées dans Berlin pendant la Guerre Froide, les choses sont devenues un peu floues. Tout d'abord je nous ai emmenés du mauvais côté, puis la carte pré-enregistrée dans le smartphone de Bastien nous a perfidement trompés. Plus tard elle allait se révéler très utile, mais là... on a ramé pour trouver cet auberge, soyons honnêtes. Mon sac commençait à se faire lourd quand j'ai vu le discret insigne de l'établissement. Très bien, direz-vous, mais encore fallait-il rentrer. La sonnette nous a paru quelque peu défaillante, la porte, je n'en parlerai pas, si bien que lorsque nous avons vu une bande de méditerranéens arriver, nous nous sommes effacés pour les laisser essayer. Tout ça pour dire qu'on a fait un effort pour retenir le code par après quoi.

Après s'être installés sommairement, on est partis à pied vers le centre. Nous avons pu voir ce qui a immédiatement été décrété comme le "Musée de Marine" (Museum für Kommunikation), une sculpture qui représentait une boule constituée de choses quotidiennes comme des chaises et un balais (cherchez pas, c'est conceptuel) et l'ambassade anglaise, devant laquelle la partie de rue est carrément privatisée. Puis nous avons vu la Brandenburger Tor. Elle est impressionnante, je ne dis pas, m'enfin chez nous on a le Cinquantenaire hein.

Avouez que la nôtre est plus harmonieuse, moins stricte...

Puis nous avons vu le premier mémorial d'une longue liste à venir : celui de l'Holocauste, et aussi le plus fun, si vous me pardonnez l'expression. Nous n'étions pas les seuls à le penser, beaucoup d'enfants courraient à travers ce qui doit symboliser un cimetière mais qui fait plus penser à un labyrinthe (pas le genre méchant qui se referme sur vous, hein...).



... comme je disais, pas flippant dans ce genre-là. Non, plutôt sympa, avec des changements de dénivellation et des jeux dans la hauteur des différents blocs. Ce lieu est devenu un lieu de vie, et c'est tant mieux, je trouve. A part un gardien (ok, un peu flippant, lui) qui interdit de monter sur les blocs en question, l'ambiance est détendue. Ça a été le moment photos et vidéos drôles, un très bon souvenir. Peut-être que l'état de fatigue dans lequel on se trouvait était pour quelque chose dans notre folie passagère : on est en effet restés là pas mal de temps! (Pas loin d'une demi-heure, je dirais)

Merci à Bastien pour cette photo de dingue

Ensuite nous avons poussé jusqu'au Parlement (estampillé Dem Deutschen Volke, au cas où on aurait pas capté avec les cinq drapeaux allemands), puis le Mémorial soviétique, où nous avons fait une autre pause à côté des chars, parce que c'était si accueillant et qu'on était... tellement crevés. Après avoir illégalement traversé en plein milieu d'un boulevard, on est rentrés dans un chouette parc, où d'autres pauses étaient encore à venir. Des fleurs bleues, un monument aux musiciens (trop) doré, un chiant fascinant, une sorte de temple pseudo-étrusque à l'abandon,... cette promenade a été palpitante! Jusqu'à notre arrivée à la Colonne de la Victoire (qu'on aurait peut-être pas décidé d'aller voir si on avait compris les échelles en vigueur dans cette ville). Pour la voir de près, on passe dans des tunnels sous le rond-point. Cette Colonne s'est révélée être un autre mémorial : celui des campagnes prussiennes. Son ascension était payante, ce qui m'a fourni une très bonne raison pour m'asseoir et me reposer. Sans pour autant l'avoir effectuée hein! Pas folle non plus.
Il faut tout de même le dire : si nous n'avions pas persévéré nous n'aurions jamais vu l'invention la plus géniale qu'on ait pu voir pendant le séjour. Un pousse-pousse... lit! Absolument fantastique. Deux filles étaient tranquillou allongées sous la couette pendant que leur conducteur leur expliquait la ville. Ex-cel-lent.
Ce soir-là nous avons mangé japonais, je pense, ou serait-ce vietnamien? Puis on a dormi tôt, mais malheureusement pas super bien, vu l'irrespect de certains dormeurs.

Le lendemain était une journée chargée : nous sommes sortis de la ville pour aller à Potsdam, une petite ville en banlieue avec plusieurs châteaux sur la liste du Patrimoine mondial de l'Unesco. Je vous ferai grâce du trajet, il implique moult changements de "U", "S" et/ou train, et je ne m'en souviens plus. Nous avons commencé par le Neues Palais, le plus sympa, en fin de compte. D'abord parce qu'il est immense. L'entrée du parc que nous avons utilisée nous a fait passer par derrière, ce qui fait que nous avons d'abord vu les "annexes" du palais, les "étables" et les logements des serviteurs. Nous n'avons pas pu y entrer mais rien que de l'extérieur, wow. Maintenant ces bâtiments appartiennent à l'université locale. Re-wow.
Puis nous sommes rentrés dans le palais lui-même, une entrée sûrement jamais utilisée à l'époque par ses habitants, en raison de sa petitesse, ce que je déplorai d'abord, mais en fin de compte le résultat était concluant : une des premières pièces que l'on peut visiter était une sorte de fantaisie très à la mode alors : une grotte fictive, la plus grande que j'aie pu voir jusqu'ici. Tapissée de coquillages et de pierres semi-précieuses, avec des fausses fontaines pourvues de cristaux et de coraux, elle était tout simplement splendide.
Le premier problème est alors survenu : apparemment, il fallait payer le droit de faire des photos. Nous n'avions pas le bracelet, nous en étions donc interdits. C'est mal me connaître! On m'incinérera avec mes photos. Rien ne peut m'empêcher d'en prendre quand je veux immortaliser quelque chose, demandez à qui vous voulez. Demandez à Charlotte, par exemple, je suis sûre qu'elle se souvient encore de la honte que je lui ai fichue il y a quelques années au Musée du Prado devant les Goya. Le reste du palais était très beau également, tout en décoration ciselée et en meubles appariés. Peut-être un peu trop, mais bon, Frédéric (on en reparlera plus tard) promut le style Rococo, et rien n'est simple quand on parle de cette phase tardive du Baroque. Les audioguides étaient trop longs à mon goût, mais au moins on apprenait beaucoup. On reviendra sur les audioguides bientôt aussi.


Après ça nous nous sommes dirigés vers l'autre grand château visitable à cette époque de l'année, le célèbre Sanssouci (en français dans le texte hein), qui se trouve au sommet d'un vignoble, rien que ça. Mais avant nous avons fait une pause pour manger nos tartines. Pendant ce temps-là on s'est posé une question obsédante, à quoi servaient les sortes de cabanes qu'on pouvait voir dans tout le parc? A première vue, elles faisaient penser à des cabanes dans lesquelles les soldats de Buckingham Palace montent la garde, mais sans entrée. Pour moi, il s'agissait d'une vaste œuvre d'art contemporain (je sais, je vois le mal partout) et c'est seulement bien plus tard, lorsqu'on est passés derrière l'une d'elle que quelqu'un a compris : elles étaient là pour protéger les statues de l'hiver! Du coup, le parc doit avoir bien plus de charme que ce qu'on a pu voir.
En montant les marches vers le château, un homme à l'accent anglais nous a accostés en français : on a eu une petite discussion sur l'idée d'une vie "sans souci", c'était bien sympathique. Le type était deux fois plus âgé que moi et il n'était pas essoufflé en arrivant au sommet. Je ne parlerai pas de mon souffle, car cela n'a aucun intérêt dans le contexte. Le château était très semblable, tout en Rococo également. Le nombre de Watteau que j'ai vu... extraordinaire.
L'audioguide nous expliqua plus en avant la vie du roi de Prusse, Frédéric II. Ou Frédéric le Grand. Surnommé amicalement "Le vieux Fritz". J'ai surtout retenu son enfance, comment il fut maltraité par son père, un homme rustre qui ne voyait pas l'utilité de la philosophie ou de la littérature, que Frédéric apprit en cachette. Oh, et le fauteuil dans lequel il est mort, aussi.

Puis nous avons poussé jusqu'à la Brandenburger Tor. Non, ce n'est pas une erreur, cette porte s'appelle exactement comme celle de Berlin. Ce qui explique que la veille on ait eu un petit problème de compréhension. Dans mon guide, un plan nous avait fait penser que Potsdam était bien plus proche, du coup. Comme un quartier de la ville quoi. Merci aux cartes de Bastien, qui calculaient le temps du trajet un tantinet plus long, ça nous a immensément aidés à tilter.
Nous voulions profiter du beau temps, c'est pourquoi nous avons fait la rue commerçante, puis la terrasse du Starbucks nous happés. (Fun (?) fact : un frappuccino caramel était bien plus cher à Checkpoint Charlie. Ça sent l'entourloupe commerciale, cette affaire.) On a pour ainsi dire profité du soleil couchant, puis nous sommes rentrés vers la gare.

Le lendemain nous avons commencé par la Gendarmenmarkt, une place qui oppose deux bâtiments presque identiques. Il faisait encore très beau, merci, ma bonne étoile. Nous avons ensuite marché jusqu'à l'île des Musées (sans blague, how cool is that?), desquels nous avions sélectionné le Musée de Pergame, celui avec les vestiges antiques, mais les vestiges monumentaux. Gigantesques. Sensationnels. "Cyclopéens", me souffle la latin-grec en moi, mais c'est peut-être un tantinet exagéré. Quoiqu'il en soit après avoir vu un énième mémorial et s'être promenés dans un marché, nous avons pris d'assaut la file d'attente. Deux par deux, histoire de pouvoir profiter du soleil et des pi-pits (ou moineaux, chez Marine). Le temps nous a paru un peu long, mais ça valait le coup. Les pièces exposées dans ce musées ne méritent pour la plupart sincèrement pas le nom de "pièces" mais sont plus à apparenter à des "édifices". En effet, à l'époque de la grande archéologie allemande, on a entre autres ramené des portes entières de villes comme Milet et Babylone, découpées et réassemblées dans des salles immenses.



En sortant, nous avons mangé sur l'herbe à côté d'une fontaine dans laquelle on pouvait voir des arcs-en-ciel, puis on a voulu entrer dans la cathédrale principale de la ville, le Berliner Dom, mais celle-ci était payante, et ça nous a agacés. La prochaine étape était Alexanderplatz, où on peut voir une immense horloge renseignant sur l'heure partout dans le monde. Plus jolie que ce dont je me souvenais.
Mais avant ça nous avons fait quelques boutiques de souvenirs. L'une d'elle nous a retenus un moment, pas parce que son contenu était fondamentalement différent de celui des autres, mais pour les chansons qui passaient à la radio, dont l'une, Happy Together, je pense, m'est restée longtemps après qu'on soit enfin partis. Ensuite nous avons enfin trouvé cette place, qui était remplie de cabanes en bois, comme pour un marché de Noël, mais avec du soleil. La bière, la charcuterie, les bonbons, tout était là profusion ...à part les boules de Berlin que nous voulions déguster, de préférence assis. En désespoir de cause, que dis-je, en l'absence totale d'autre possibilité, nous nous sommes rabattus sur Dunkin'Donuts, une chaîne bien américaine. Pour nous conforter l'esprit, un de ceux qu'on a choisi était à la crème bavaroise.
Puis nous avons visité un quartier tout à fait atypique, les Hackesche Höfe, des enfilades de patios avec bien souvent des arbres et des bancs. Un endroit calme et plaisant en somme avec une cour particulièrement jolie, toute en couleurs pastels, avec des cerisiers japonais. En comparaison avec le quartier suivant, voué au street art,... et bien, il n'y a pas de comparaison, en fait. Cet endroit était lugubre et odorant, pour être sympathique. J'admets que certains tags étaient bien faits, que certaines installations étaient intéressantes, mais j'étais contente lorsqu'on est sortis.

Puis nous avons repris les transports (décidément, je ne sais vraiment comment les appeler) vers les fameux restes du mur de Berlin, appelés très pudiquement "East Side Gallery". Ces œuvres peintes sur le Mur avaient toutes un rapport plus ou moins éloigné avec la Guerre Froide, ou le thème de la liberté en général. Certains étaient datés de plusieurs années, et étaient protégés par des barrières, pour éviter qu'on ne redessine dessus.



Ce soir-là nous avons mangé dans un resto italien, mais pas avant d'avoir une petite conversation avec un jeune Canadien anglophone (mais qui savait parler français... avec un accent canadien, bien sûr). Il nous a tenu le crachoir longtemps, sur les mots typiquement belges et d'autres sujets à grande controverse. Il était donc très tard quand nous sommes arrivés au resto, je pense même qu'on a presque fait la fermeture. Le repas n'était pas à se damner, mais nous avions faim, et surtout nous avons pris une cruche de vin blanc frizzante, ce qui fait tout passer tout seul! En sortant, nous étions d'humeur à boire encore un verre, et il y avait un bar appelé Le Labo, que le site décrit comme "the first liquid nitrogen cocktail bar in Berlin". Nous ne pouvions donc pas passer à côté de cette expérience, et en fin de compte ce n'était pas mal. Je pense avoir pris un "Mentha blanco", du rhum avec de la menthe, mais il y avait d'autres mélanges, comme Gin-romarin, ou Rhum-Lavande, par exemple.  

Notre dernier jour entier à Berlin a été consacré en grande partie à un autre château, celui de Charlottenburg (pas celui de Charlottenhof, c'en est un autre, celui-là). Une course à pied se déroulait ce jour-là. J'ai toujours admiré ces gens sportifs. Je me souviens d'une course à laquelle j'ai participé quand je devais avoir huit ans. A vrai dire je me rappelle de la photo avec mon numéro sur le torse, et je me rappelle d'avoir eu un point de côté abominable, c'est tout. Quoiqu'il en soit, nous, on a décidé de faire une pause (oui, nous venions de partir) pour manger notre peti-dèj dans une pâtisserie. C'était l'occasion de réessayer les boules de Berlin! Délicieuses, vraiment. Après un ultime stop au traditionnel Starbucks, nous avons pris le métro (cette fois, je sais).

Juste avant d'arriver sur place, nous avons aperçu un ours de Berlin, une de ces statues colorées disposées un peu partout dans la capitale. Il était temps! Où se cachent les autres, c'est ce que je me demande... Puis nous sommes arrivés au château même.
Après nous avoir dûment demandé de terminer nos frappuccinos et de laisser le jus de pomme de Marine à l'entrée (bah oui, on sait jamais, qu'il nous prendrait une furieuse envie d'en lessiver les murs... à moins qu'ils nous prennent pour des incompétents qui ne savent pas boire correctement?), nous avons pu commencer la visite. 

Encore une fois, énormément de Rococo (donc énormément de tout)
Cette fois-ci l'audioguide avait passé une étape existentielle : il était devenu autoritaire et paternaliste. En effet, non seulement il nous expliqua comment entrer dans la première pièce, puis dans toutes celles qui suivirent, mais en plus il calculait le temps qu'il nous fallait pour admirer chaque œuvre. Merci, humanité, pour le bouton "pause", sûrement une des inventions les plus sous-estimées qui soient.
Le mobilier entier (surtout les tentures) avait été remis à neuf, il était donc impressionnant mais ne faisait pas très vrai. Enfin de compte je dirais que c'est la salle des joyaux de la couronne qui nous a le plus intéressés. On aurait dit le Sceptre d'Ottokar, mais en vrai! (oui, j'étais une grande fan de Tintin quand j'étais gamine, c'était basiquement le seul dessin animé intéressant encore à l'antenne à l'heure où je me réveillais... pas comme les bêtises qu'on diffuse de nos jours).

Après une petite pause dans le parc, nous nous sommes promenés un peu tout en discutant de la manière d'atteindre notre nouvel objectif : des saucisses. En effet nous étions là depuis trois jours, et nous n'en avions toujours pas mangé! Selon les conseils du net, il nous fallait la marque Curry 36, que nous avons fini par trouver. Après avoir commandé tant bien que mal, avec ou sans peau, avec ou sans sauce curry, etc, nous avons cherché un endroit où nous asseoir, car il était hors de question (je répète, hors-de-question) que nous mangions debout. Le premier rebord plus ou moins propre a eu notre approbation, au grand dam de Bastien, qui voulait trouver un endroit joli où manger. La vérité, c'est qu'on avait trop faim pour s'encombrer de tels détails. Sans compter qu'on m'a toujours répété qu'il faut "manger tant que c'est chaud!".

Ensuite nous avons visité une église très originale, en effet, on n'aurait jamais dit à la base que c'en était une de l'extérieur, mais à l'intérieur, wow! Tant de vitraux bleus, l'ambiance était tout à fait à part. J'y ai allumé une bougie, puis nous sommes entrés dans ce que nous pensions cette fois être une église, mais qui n'en était pas. En fait, après les bombardements de WW2, celle-ci avait été totalement délocalisée à quelques mètres, dans un bâtiment moderne. Les vestiges avaient été restaurés mais l'édifice a perdu sa fonction liturgique, devenant une sorte d'expo permanente gratuite destinée à expliquer et plébisciter le site. Petite anecdote : nous avons découvert qu'il était tout à fait possible de faire une donation par carte via un automate. Ils sont organisés ces Allemands!


Après un autre donut pour nous remettre d'aplomb, nous avons butté contre le problème le plus bizarre (m'est avis) de notre voyage : trouver un cinéma qui propose des films en VO. Incroyable! Impossible de dénicher cette perle rare, pour une raison en fin de compte très simple : les Allemands, au même titre que les Français, doublent absolument tout. Le seul film qu'il nous était possible de voir dans le ciné qui avait attiré notre attention était Batman vs Superman, à ... 22h. Quoi? (et encore, je suis polie, la question qui revenait souvent sur nos lèvres s'apparentait plus à "What the f**?") Je n'aurais jamais cru que dans une grande capitale européenne ce souci puisse se poser. Et cela n'allait pas être le bout de nos peines : nous nous sommes en effet efforcés de nous souvenir des différents cinémas que nous avions vu sur la route pour trouver nos saucisses, et je dois dire qu'il s'en est fallu de peu pour qu'on perde tous patience. A chaque fois qu'on en trouvait on nous rembarrait en nous disant qu'ils n'avaient pas les versions originales. Pour finir nous avons enfin eu un trait de génie : nos guides pouvaient nous orienter. Alléluia, il y en avait un "normal", avec les blockbusters américains. Ni une ni deux, nous voilà dans les transports, à nouveau motivés. Oui, motivés à s'asseoir et profiter d'un film peinards, soit. Le complexe était énorme, les prix, équivalents à cette infrastructure, le cassier, totalement abruti, mais soit, nous avions nos places pour Zootopia, en 3D. Je l'avais déjà vu mais bon sang, il est excellent, ça ne me dérangeait pas de le revoir.



Bien assis sur nos sièges numérotés (en effet, différents tarifs étaient en vigueur), nous avons vite décidé de bouger et de nous mettre sur de meilleurs sièges, ne voyant personne arriver (décidément ce cassier était un abruti de première classe). Au lieu des bandes-annonces habituelles nous avons eu droit à des publicités de glaces, avec à la fin de celles-ci, une dame en chair et en os qui est entrée dans la salle en en proposant. Hilarant, vraiment, on aurait dit un mauvais remake des frères Weasley, mais avec une fille démotivée et qui ne savait pas vendre sa marchandise.

En sortant, nous avions bien tenté de nous faufiler dans une autre salle (de manière extrêmement furtive, les salles n'ayant pas d'écran annonçant le film en cours, nous obligeant donc à ouvrir et voir par nous-mêmes), mais les petits rusés qui conçoivent le programme avaient bien fait leur boulot, il était impossible d'enchaîner, les films intéressants avaient déjà commencé.

Il ne nous restait plus qu'à faire un ultime tour de la ville by night, ce qui était très sympa, comme d'habitude. Quelques derniers selfies devant la pas-tout-à-fait unique porte de Brandebourg, et la boucle était bouclée!
Le lendemain nous partions très tôt, autant dire qu'encore une fois je n'ai pas vu grand chose du voyage de retour, mis à part la partie en voiture bien sûr, pendant laquelle nous avons continué notre panorama musical.

Je terminerai avec une photo prise par Marine qui nous montre une des très jolies bouches d’égout de la capitale allemande, agrémentée de nos chaussures de marches toutes stylées, une photo qui résume bien le voyage : beaucoup de marche, beaucoup de monuments, et une unité d'esprit d'aventure et de rigolade qui fait que je vous aime tant les gars! Merci encore pour tous ces fous rires!

Bisous, et à bientôt pour de nouvelles vacances réussies!
Alex.