Début décembre 2016, c'est une "Venise du Nord" qui nous a happées, Charlotte et moi. Je dis 'une', car plusieurs villes possèdent ce surnom : Bruges, une très jolie ville en Flandres qu'il va falloir que je revoie cette année ; Amsterdam (mais il faut bien admettre que toutes les villes aux Pays-Bas cohabitent plus ou moins avec l'eau) ; Saint-Pétersbourg (j'ignore pourquoi, à découvrir!) et Stockholm. Celle-ci, si elle était sur ma liste, ne figurait cependant pas dans son top 5 du moment. Mais bon, cette liste me semble parfois une entité à part entière, changeant au gré de mille et une choses, et j'adore cela. Tiens, je vais faire une annexe vous la présentant, ça peut être sympa!
La vérité c'est que Cha était tombée sur une offre assez immanquable niveau avion (35 € aller-retour!) et que ce n'est juste pas dans notre nature de laisser filer des occasions pareilles. Nous voilà donc parties, elle, entre deux stages, moi, manquant trois-quatre cours. Mais que diable!
"When opportunity knocks, invite it to stay for dinner."H Jackson Brown Jr.
En quelques heures,
donc, Charlotte avait réservé nos vols, il ne nous restait plus qu'à
nous renseigner et à nous préparer pour une ère glacière. Ce que nous
avons fait! Il y avait plus de pulls et de chaussettes dans ma valise
que pour aucun des autres voyages que nous avions fait précédemment. Et
nous ne partions que pour quelques jours... Je m'attendais au pire. Il
s'avéra néanmoins que mes craintes, si elles étaient fondées (il faisait
vraiment caillant), étaient inutiles. En nous préparant de manière
consciencieuse chaque matin, le froid était gérable.
Mais avant cela, le début. Je dois bien commencer par dire que ce fut ce qu'on peut appeler un faux départ, puisque j'ai commencé par perdre mon téléphone dans la navette vers l'aéroport de Charleroi (autrement appelé "Bruxelles-Sud", please, on y croit pas). Bien entendu, je ne me suis aperçue de son oubli qu'après le passage de la sécurité, et ainsi j'étais dans l'impossibilité de retourner au bus. Quoiqu'il en soit, je peux dire que mon humeur n'en fut altérée que quelques minutes : après tout, Charlotte était là, je n'étais donc pas totalement sans moyen de communication, et elle me promit de me laisser faire des photos avec son téléphone, l'essentiel n'était donc pas perdu! Après avoir profité des quelques derniers instants de 4G pour remplir un formulaire d'objet perdu online, nous décollâmes, pas pour le moins du monde stoppées dans notre enthousiasme.
Vu le prix du vol, il est bien évident que les horaires étaient moyens : nous sommes arrivées dans la soirée et avons pris une navette pour rejoindre la ville. L'aéroport étant plutôt loin de celle-ci, nous avons eu amplement de papoter, mais surtout d'écouter la conversation qui se déroulait derrière nous ! Sans blague, elles parlaient tellement fort qu'il était impossible de ne pas entendre, c'est tout juste si on ne pouvait pas participer à la discussion. C'est donc ainsi que nous avons appris que l'une vivait à Stockholm depuis un moment déjà, que son copain était suédois et habitait une ville plus loin, mais qu'il était à l'étranger pour l'instant, et que la deuxième arrivait à peine pour un stage qui allait durer trois mois, en plein milieu de l'hiver.
Arrivées à Stockholm même, nous avons dû essayer de nous repérer pour aller de la gare routière à l'île principale abritant le centre historique, où se trouvait notre auberge. Nous fîmes le trajet à pied, autant dire que nous n'avons pas pris le chemin le plus court, mais ce n'est pas grave, ça nous permit d'avoir un premier aperçu tranquillement. Je dis "tranquillement" à dessein : en effet, nous n'avons pas croisé grand monde ce soir-là, ni les autres soirs d'ailleurs.
L'arrivée à l'auberge fut un tantinet complexe, étant donné que nous étions en dehors des heures d'ouverture, il n'y avait personne pour nous ouvrir la porte, et nous n'avions pas encore le code. Il nous a donc fallu appeler, et c'est là que je me suis rendue compte de mon inaptitude à épeler en anglais. Aussi bête que ça puisse paraître... eh bien je n'en ai pas l'habitude, j'ai donc buté sur les "e" et les "i", les mélangeant un peu.
Enfin rentrées, quelques peu aidées par deux clients de l'auberge, nous avons découvert dans le hall (au deuxième étage) deux petits tas avec des draps, des serviettes de bains et une enveloppe pour chaque tas, dont l'une portait mon nom. Nous avions pris toutes nos affaires avec nous (une première, pour ce qui est des draps, heureusement que nous ne partions que quelques jours, ou je ne sais pas comment nous aurions réussi à tout rentrer dans nos sacs à dos!), nous avons donc seulement pris l'enveloppe avec le code de notre chambre. Celle-ci était très... suédoise. impeccablement arrangée, avec une lampe et un petit bac dans lequel on pouvait mettre nos affaires pour chaque lit, cela ressemblait un peu à IKEA, soyons honnêtes! Et ce ne fut pas la dernière fois que nous nous le dirons : les douches par exemple, avec leur rideau pour protéger les vêtements, et plus généralement la ville, nous ont semblé très design et efficientes!
Ensuite nous sommes ressorties pour manger un bout : nous avions pu repérer de nombreux petits restaurants sur la rue principale (Stora Nygatan), que nous avions parcouru d'un pas décidé (peut-être trop décidé, car nous avions manqué le tournant de quelques rues... ok, de toute l'île). Nous entrâmes donc dans un petit resto qui servait de bonnes pâtes suédo-italiennes. Il était tard (mais pas tant que ça non plus) : nous avons en effet été les dernières à partir. Autant dire que nous avions déjà compris que les Suédois sont des couche-tôt.
Notre auberge se trouvait sur la petite place triangulaire derrière l'église du centre de l'île |
Le lendemain nous avons commencé par chercher un point de panorama, et nous n'avons pas été déçues. La lumière était tout à fait étrange, et elle le resta toute la journée : en effet, l'hiver, du fait d'être si au nord, la ville est illuminée par ce que je décrirais comme une aube constante. Et quand je dis constante, je veux en fait dire de 8h30 à 15h! Autant vous dire que par principe on a eu faim vers 17h tous les jours de notre séjour... on était complètement perdues.
Ensuite nous avons retraversé l'île de Gamla Stan, nous arrêtant tout de même pour un délicieux chocolat chaud et un muffin à emporter, vers l'hôtel de ville (le bâtiment rougeâtre sur la gauche de la photo ci-dessous). Cette visite était la seule pour laquelle on se devait d'être à l'heure, car elle était obligatoirement guidée. Et franchement, tant mieux! On a beaucoup appris sur l'histoire de la ville et sur le système politique du pays (même si, j'avoue, j'ai déjà oublié pas mal de choses).
On nous a d'abord montré le Hall bleu, une immense pièce de réception où se retrouve les lauréats des prix Nobel après leur cérémonie de remise. Il est de style pseudo-italianisant et franchement cocasse de mon point de vue, les mélanges utilisés étant tout à fait libres... en effet cet hôtel date seulement du début du XXe siècle! Il a été appelé "bleu" non pas pour la couleur de la peinture ou des colonne, mais parce que l'architecte voulait le laisser à ciel ouvert. Il est bien entendu que le climat suédois n'a pas permis cette jolie idée, et plusieurs plafonds se sont succédés avant celui qu'on lui voit aujourd'hui. L'orgue de la pièce mérite également qu'on le mentionne : il est lui aussi tout à fait moderne... que dis-je, high-tech! Il est équipé d'un système de wi-fi.
L'escalier a aussi été source de recherche : l'architecte aurait fait faire un nombre de maquettes en bois à taille réelle et aurait demandé à sa femme de les emprunter en robe, afin de déterminer lequel était le plus agréable. Nous l'avons nous-même descendu plus tard pendant la visite et je dois dire que nous n'avons pas été convaincues. Mais bon, nous étions en baskets et jeans, pas en talons inconfortables et en robe interminable. Sans compter que nous n'avions pas les yeux d'une salle entière tournés vers nous.
La visite a continué, jusque la Chambre du Conseil, où se déroulent de nombreuses discussions parlementaires. Le quota de femmes ayant une voix à ces conseils a très tôt été très élevé en Suède. Le plafond de cette pièce, avec charpente apparente et peinte, était tout à fait impressionnant. Puis nous avons pu voir une fresque peinte par un prince perfectionniste représentant la vue des fenêtres de la salle en question, en miroir. Ainsi, les invités du banquet faisant dos à la ville en avaient tout de même la vue. Une autre pièce pleine d'anciennes tapisseries est l'endroit où se font les mariages, et enfin nous avons terminé par ce qu'on appelle la Salle dorée. D'inspiration byzantine, elle est entièrement décorée de mosaïques en feuille d'or.
Au fond se trouve la personnification de la ville. Des symboles de capitales l'entourent, comme la Tour Eiffel et la Statue de la Liberté. |
Ensuite nous avons visité Storkyrkan, la cathédrale de Stockholm, avec ses voûtes tout à fait à part et sa statue de Saint Georges terrassant le dragon.
Nous étions alors de retour sur Gamla Stan, et étions juste à temps pour le marché de Noël, qui venait d'être installé sur une petite place. Il n'était pas très impressionnant, mais ça nous a permis de manger un bon hotdog avec une saucisse qui nous a fait pensé à celles de Berlin.
Ensuite nous avons à nouveau quitté l'île vers une partie plus éloignée de la ville : Djurgården, une autre île où se trouve un spectacle plutôt dingue : le Vasa, un vaisseau de guerre qui coula en 1628, lors de sa première sortie du port de Stockholm. Il fut repêché en 1956 et donne idée absolument incroyable de ce à quoi ressemblait un bateau de ce genre. Vraiment, c'est à faire, le musée est constitué d'une salle de projection qui explique le processus de remise en surface de l'épave, de plusieurs étages sur le bateau lui-même, ainsi que sur l'art qu'il renfermait. Les sculptures étaient tout à fait remarquables!
Au retour nous avons pu apprécier les décorations de Noël, dont notamment les élans illuminés, si beaux et réalistes. Un groupe de filles nous ont demandé de faire une photo d'elles, et elles nous ont rendu la pareille (même si je ne comprends pas ce qui l'a poussée à faire 7 fois le même cliché). Mais c'est surtout à l'échelle de la ville que j'ai été impressionnée : toutes les maisons disposaient d'étoiles ou de triangles lumineux à chaque fenêtre ou presque! C'était vraiment très joli. Et, une fois plus près du centre, nous avons été attirées par une place où était installée une patinoire tout autour d'une statue en bronze. Ces gens ont vraiment l'habitude de vivre avec le froid, on pouvait voir à quel point ils incluaient l'hiver dans leur vie de tous les jours. Nous avons ensuite trouvé la rue Neuve de Stockholm, où nous avons fait les shops de souvenirs et où j'ai acheté une montre réfléchissante pour me donner une heure pendant la nuit. En effet, son mon téléphone, je n'avais dormi que moyennement la nuit précédente, m'attendant sans cesse à être réveillée, je me réveillais moi-même. Le Starbucks nous a également happées et nous a rebaptisées, ce qui n'est pas tellement extraordinaire, j'en conviens, mais Cha a tout de même eu droit à un record :
Le soir, après être allées dans un resto italien à l'ambiance très sympa où nous avons très bien mangé, (même si mes carbonaras auraient pu se passer d'autant de poivre), nous avons trouvé un cinéma avec des films en anglais sous-titré, et avons opté sur place pour Allied, un film d'espionnage avec Brad Pitt et Marion Cotillard.
Le lendemain nous sommes allées manger un vrai petit déjeuner, et par vrai j'entends bien sûr un autre chocolat chaud et une grosse part de gâteau avec des framboises. J'adore. Vraiment c'est une chouette manière de commencer la journée! Ensuite nous avons commencé la journée en essayant diverses choses qui étaient soit fermées, soit pas vraiment ce à quoi on s'attendait (la qualité de notre guide était un peu à revoir, les commentaires n'étant pas d'une clarté cristalline...), mais ce n'est pas très grave, ça nous a permis de voir une autre partie de la ville, une église en croix grecque et un hall d'escaliers en style Art Nouveau de là-bas!
Puis nous avons attaqué le gros morceau de la journée : le palais royal. Ne sachant pas très bien où se trouvait l'entrée nous avons essayé la première porte à laquelle nous avons eu accès (il faut dire qu'il faisait particulièrement froid ce jour-là) : il s'agissait de la partie trésorerie du château, plutôt du côté des caves. Le caissier nous a expliqué le fonctionnement des tickets, mais je dois dire qu'il fut le seul Suédois que nous avons rencontré à avoir un anglais très limite. Nous avons, je dois dire, vite passé la partie plus archéologique. Je pensais qu'il nous faudrait ressortir pour avoir accès aux étages supérieurs, mais heureusement, pas vraiment! Nous avons laissé nos manteaux dans des casiers, ce qui n'était peut-être pas une idée brillantissime. Ces vieilles bâtisses sont difficiles à chauffer, après tout. L'intérieur du palais était très joli, mais ce sont les robes de mariages des différentes princesses qui ont le plus attiré notre œil. Certaines étaient très belles (les plus récentes), d'autres l'étaient beaucoup moins. L'exposition se trouvait dans la salle du trône d'argent, une salle spectaculaire. Ensuite, notre tickets nous permettait de voir les couronnes, sceptres et épées protocolaires.
Après tout cela, nous avons décidé de nous poser un peu à l'auberge. Je commençais à avoir faim, alors qu'il était encore très tôt... nous avons donc grignoté. Puis nous avons essayé le musée national, mais malheureusement, après avoir fait le tour du bâtiment en vain, nous avons bien dû nous rendre à l'évidence : il était fermé pour rénovation. Nous avons donc décidé de faire le musée d'art moderne et contemporain, un peu plus loin. Le pont que nous avons alors dû emprunter n'était pas pour nous rassurer : trop de bois, trop de rampes pour ne pas glisser. Puis nous sommes passées devant ce qui devait être une église sur une colline, illuminée par un spot rouge lui donnant une allure plus satanique qu'autre chose, pour enfin atteindre le musée en question. Heureusement, les collections permanentes étaient gratuites, parce que nous n'y avons pas compris grand chose!
Nous nous sommes permises de nous poser dans le hall après coup, pour manger nos tartines en faisant passer le temps avant de se diriger vers l'opéra, car nous avions prévu un ballet pour ce soir-là : Casse-Noisette. Encore une fois, le spectacle commençait à 19h. La première partie nous a un peu intriguées, les costumes, très théâtraux, étaient loin de ce que nous avions pu voir pour le Lac des Cygnes à Bruxelles, mais ensuite les tutus sont tout de même rentrés en scènes et nous avons été époustouflées. C'est vraiment incroyable. Et la musique est tellement connue, même pour une inculte musicale comme moi.
Le lendemain nous partions en milieu de journée, et avons eu tout le temps du monde de nous repérer dans la gare routière, qui était d'une organisation encore une fois impeccable. Pour nous protéger du froid, les entrées sont équipées de deux espèces de sas tournants, et chaque quai est muni d'un espace d'attente à l'intérieur et d'une autre sorte de sas que le conducteur de bus peut ouvrir et fermer, afin de ne pas laisser trop de monde se bousculer. Nous avons pris un dernier chocolat (avec marshmallows inclus!) et avons dit au revoir à la ville nordique... Avant de prendre l'avion, nous avons dépensé nos dernières couronnes en peluche et autres et avons fait nos comptes : ils étaient parfaitement réglés, comme d'eux-mêmes.
Au retour, comme nous avions un peu de temps à poireauter pour notre navette à Charleroi, je me suis renseignée pour les objets perdus, et devinez quoi, j'ai récupéré mon téléphone! IN-CROY-ABLE. Tout bonnement incroyable. Il se trouvait dans une armoire métallique au comptoir qui vendait des tickets de dernière minute. Il y en avait une trace dans un classeur et la batterie n'était pas plate. Autant dire que c'était un miracle. Ne jamais s'arracher les cheveux pour un détail pareil, surtout si c'est pour qu'il se résolve de lui-même en fin de compte!
Voilou, un autre city trip inoubliable! Hâte de voir ce qu'on va découvrir ensuite!