Fin du mois de janvier nous sommes allées Charlotte et moi au Maroc. Une grande première, un voyage très différent de ceux que nous avions entrepris auparavant. En effet, si nous sommes maintenant bien rodées aux city trips, ce voyage-ci comportait de nombreuses différences : à commencer par son principe, étant donné que nous avons non seulement visité Marrakech, mais aussi une ville côtière ainsi que les montagnes du Massif de l'Atlas. Bien plus qu'un city trip, donc, sans compter qu'une fois n'est pas coutume nous ne logions pas dans une auberge de jeunesse mais dans un hôtel quatre étoiles.
Nous sommes arrivées un dimanche matin, et il faut dire que nous avons consacré cette journée à nous détendre, bien installées sur des transats autour de la piscine. Le soleil était incroyable (oui, nous avons eu beaucoup de chance niveau temps vu la période de l'année) et les buffets très tentants. Ce jour-là j'ai mangé en quelque sorte trois petits déjeuners : celui avant le taxi, vers 4h du matin, celui dans l'avion, vers 7h30 et enfin un dernier à l'hôtel, vers 10h, heure locale.
Commençons par la nourriture. Le "snack" du midi relevait plus d'un miracle à nos yeux : plats froids, chauds (tajine, pâtes, brochettes, frites,...) et desserts à volonté. Inutile de dire que nous avons choisi le tajine et les brochettes! Le soir, le buffet était encore plus imposant et tout aussi varié. Nos verres étaient sans cesse remplis, et nous mettions bien sûr un point d'honneur à nous servir copieusement.
Le lendemain nous avions réservé une excursion dans la ville côtière Essaouira. Nous sommes parties tôt, de façon à pouvoir faire quelques arrêts, notamment dans une coopérative de femmes berbères produisant de manière traditionnelle de l'huile d'argan. C'était très intéressant d'apprendre toutes les étapes de fabrication ainsi que les applications possibles de ce produit. La dame nous a en outre dit qu'ARTE avait produit un documentaire dans leur petite fabrique sur ce qu'on appelle "l'or blanc du Maroc".
Une fois à Essaouira, nous avons eu droit à une visite de la ville avec notre premier guide, qui parlait un français assez approximatif : il n'arrêtait pas de s’emmêler les pinceaux avec l'anglais! La muraille, les canons portugais (mais fondus en Espagne), tout était très sympathique, hormis l'odeur du poisson cru. C'est cependant le quartier juif, le mellah, qui m'a le plus intéressée. Je ne m'attendais en effet pas à voir des étoiles de David dans un pays arabo-berbère.
Puis nous avons eu droit à du temps libre, pendant lequel on nous a proposé un restaurant le long de la plage... que nous avons préféré décliner, dans l'espoir de trouver quelque chose de moins cher et de moins centré sur le poisson, plus à l'intérieur de la ville. Nous avions raison : pour 120 dirhams (soit moins de 12 euros) pour deux, nous avons mangé un très bon couscous au poulet (eh oui, nous voulions du mouton, mais après avoir écouté et répondu patiemment à toutes nos questions, le gentil vieux serveur nous a appris... qu'il n'avait pas de mouton). Ensuite, après avoir tenté d'acheter des timbres, je dis "tenté", puisque de boutique en boutique, on nous indiquait le chemin, qui semblait toujours être de plus en plus long et s'enfoncer de plus en plus dans la ville (ce que nous ne voulions pas de peur de ne plus pouvoir faire demi-tour), nous sommes allées nous dorer la pilule sur la plage de sable fin. Quel délice, du soleil en janvier, tout de même! Toutefois l'eau n'était pas assez chaude pour se baigner. Avant de rejoindre le bus, nous avons papoté avec un touriste qui nous a mises en garde contre le soleil, qui à l'entendre nous donnerait mal à la tête dans la soirée. Dommage qu'il ait été si condescendant, il était plutôt mignon...
Puis, avant de rentrer dans le car, comme nous avions besoin d'aller aux toilettes sans pour autant avoir envie d'essayer celles de la plage (sûrement miteuses), nous nous sommes dirigées vers un hôtel en face. Comme je dis : dans ces cas-là, act like you belong. C'est donc ce qu'on a fait! Marchant d'un pas décidé, nous sommes rentrées dans le hall, où il n'y avait de toute manière pas grand monde, puis nous sommes montées à l'étage, où les toilettes étaient im-pec-cables. En sortant Charlotte a très bien résumé la situation : "High five en pensée!"
Une fois à Essaouira, nous avons eu droit à une visite de la ville avec notre premier guide, qui parlait un français assez approximatif : il n'arrêtait pas de s’emmêler les pinceaux avec l'anglais! La muraille, les canons portugais (mais fondus en Espagne), tout était très sympathique, hormis l'odeur du poisson cru. C'est cependant le quartier juif, le mellah, qui m'a le plus intéressée. Je ne m'attendais en effet pas à voir des étoiles de David dans un pays arabo-berbère.
Puis nous avons eu droit à du temps libre, pendant lequel on nous a proposé un restaurant le long de la plage... que nous avons préféré décliner, dans l'espoir de trouver quelque chose de moins cher et de moins centré sur le poisson, plus à l'intérieur de la ville. Nous avions raison : pour 120 dirhams (soit moins de 12 euros) pour deux, nous avons mangé un très bon couscous au poulet (eh oui, nous voulions du mouton, mais après avoir écouté et répondu patiemment à toutes nos questions, le gentil vieux serveur nous a appris... qu'il n'avait pas de mouton). Ensuite, après avoir tenté d'acheter des timbres, je dis "tenté", puisque de boutique en boutique, on nous indiquait le chemin, qui semblait toujours être de plus en plus long et s'enfoncer de plus en plus dans la ville (ce que nous ne voulions pas de peur de ne plus pouvoir faire demi-tour), nous sommes allées nous dorer la pilule sur la plage de sable fin. Quel délice, du soleil en janvier, tout de même! Toutefois l'eau n'était pas assez chaude pour se baigner. Avant de rejoindre le bus, nous avons papoté avec un touriste qui nous a mises en garde contre le soleil, qui à l'entendre nous donnerait mal à la tête dans la soirée. Dommage qu'il ait été si condescendant, il était plutôt mignon...
Très beau coucher de soleil au retour. |
Le géant Atlas soutenant la voûte du Ciel |
Les paysages étaient incroyables : tant de couleurs différentes! Du rouge de la terre typique de l'endroit au noir presque volcanique, en passant par l'ocre, tout était vraiment très vif, sans parler du vert, si pur, des vallées (la "veine verte", de groene ader, comme disait la dame qui nous a vendu les excursions).
Le guide nous a expliqué les trous des troglodytes, mais aussi le fait par exemple qu'en janvier à un certain endroit où on s'est arrêtés, il est censé il y avoir au moins 60 cm de neige! En effet, le pic le plus haut (Tichka) culmine à 2260 m. Plus tard, nous avons quitté la route principale pour comprendre que les cahots et autres ballottements n'étaient rien comparé aux routes berbères, non (ou très peu) bitumées. En passant je préciserai que ce sont les Français qui ont fait les routes principales du pays, eh oui, ils ont servi à quelque chose! D'un autre côté, ils ont aussi créé des frontières totalement dénuées de sens aux yeux des berbères, qui se considèrent comme un peuple libre de telles limitations.
Après un mot sur le palais du dernier pacha, nous sommes allés visiter une kasbah, nommée Aït Ben Haddou, protégée par l'Unesco comme patrimoine de l'humanité, une sorte de village sur un monticule avec en son sommet ce qui était auparavant les réserves, les greniers de grains de la communauté, à l'abri des envahisseurs. En fait kasbah veut dire "grenier commun" en arabe, tout comme Agadir, le nom d'une autre ville côtière, en berbère.
Cet endroit a été le théâtre de nombreuses réalisations de films, comme Gladiator, Prince of Persia, Babel, mais aussi l'incontournable Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre!
Le lendemain nous avons enfin vu Marrakech, avec une visite guidée des souks l'après-midi (petit détail qui n'en était en fin de compte pas un, vu qu'on pu faire la grasse matinée). Nous avons vu un boulanger au travail, dans une sorte de renfoncement dans le sol, où il devait faire chaud, juste à côté d'une sorte de grand four à pizza. Puis le guide nous a entraînés dans un dédale de petites rues couvertes (d'accord, c'est la définition des souks) voir toutes sortes de métiers, dont des teinturiers et des pharmaciens, par exemple. Un stop était par ailleurs prévu pour des petits achats. Inutile de dire que j'ai dépensé, et malgré l'impression d'avoir bien marchandé, je me suis sûrement faite rouler, n'est-ce pas.
Je rajouterai que nous étions cette fois-ci dans un très petit groupe, dont seuls deux étaient français, repérables de loin : en effet, ils ne comprenaient pas un mot quand le guide expliquait en anglais, tant et si bien que lorsque ce dernier a oublié de traduire slaves square, Cha s'en est chargée. Ces mêmes gens, un couple, étaient par ailleurs très effrayés, surtout la femme, c'est pourquoi pendant le temps libre ils sont restés sur la terrasse surplombant la place Jemaa el-Fna, cœur de la ville. Nous y avons pas mal réfléchi avec mon amie, et je pense sincèrement qu'elle et moi en avons plus fait qu'eux deux dans toute leur vie.
Quoiqu'il en soit, Cha et moi avons pour ainsi dire sauté dans l'arène, vers les charmeurs de serpents, les dompteurs de singes et autres joyeusetés dans le but de nous faire faire des tatouages au henné sur la main. Après avoir longuement parlementé, une dame s'en est chargé, et le résultat n'était pas mal du tout!
Ensuite, juste avant de rentrer vers l'hôtel Charlotte a fait une super affaire en achetant un fès (vous savez ce chapeau que porte Dujardin dans OSS 117 lorsqu'il chante Bambino?)
En parlant de danse et de musique, ce soir-là nous sommes allées voir le "spectacle marocain" à l'hôtel. Nous ne nous attendions pas à grand-chose, mais en fait c'était pas mal, pour un aperçu. Après la remise de prix des différents jeux organisés par les animateurs (si si) plusieurs groupes de musiciens nous ont présenté les différentes danses folkloriques propres à chaque grande ville. Sans parler de la danseuse du ventre, bien sûr!
Le lendemain nous avons pris la première navette (eh, 9h du matin, tout de même) pour retourner à Marrakech par nos propres moyens. Je ne dirai qu'une chose : les filles, soyez sûres de faire ça avec quelqu'un qui a de la patience et la tête froide! Il nous a fallu les deux. Loin d'être aussi facile que ce qu'on nous avait laissé entendre, se repérer dans la vieille ville aura été... une expérience. Tout d'abord il faut savoir qu'il n'y a pas de nom de rue à chaque rue, ni sur la carte, ni dans la réalité. Il faut y aller un peu au feeling, et bien choisir son trottoir pour éviter de se faire trop embêter. Je ne dis pas qu'on s'est fait harceler à chaque coin de rue, loin de là! Comparé à certains quartiers chez nous, c'était même calme. Quoiqu'il en soit, nous étions fières en arrivant au premier monument que nous voulions voir : les tombeaux saadiens. Après avoir un peu galéré pour trouver l'entrée, nous avons payé une somme dérisoire pour pouvoir admirer la dernière demeure de cette longue dynastie royale. Quelle délicatesse! les stucs, la pierre dentelée, le travail du bois... incroyable. Très proche de l'architecture andalouse, bien sûr (ou serait-ce l'inverse?)
Ensuite nous avons poussé jusqu'au Palais de la Bahia, très beau lui aussi, avec ses patios si aérés et verts. Ces décors étaient un peu plus colorés, avec du rouge, du bleu... le seul bémol était le manque de mobilier, je trouve. Il est dur de se faire une idée de ce à quoi pouvait ressembler un bâtiment tel que celui-là avec tous ces murs vierges.
Mais le plus dur restait à venir : en effet, le dernier monument sur notre liste se trouvait dans un autre quartier. Inutile de dire que nous n'avons pas pris la route la plus courte. En fin de compte, après quelques conseils bien intentionnés mais trop vagues, des ados nous ont montré le chemin. Je ne vais pas mentir, sans eux je ne sais pas comment nous aurions fait, mais la situation était tout de même agaçante (ils voulaient être payés plus que ce que nous voulions mettre).
Quoiqu'il en soit, nous avons finalement pu visiter l'école coranique de Marrakech, seul bâtiment religieux autorisé aux étrangers (sans parler des femmes) car fermé depuis longtemps. Ce bâtiment-là disposait des cellules pour les étudiants, de toutes petites pièces, clairement à déconseiller pour les claustrophobes.
Pour ce qui est du retour à l'hôtel, ça n'a pas été de la tarte non plus : nous voulions prendre un taxi près de l'école, mais il n'y avait pas vraiment de grande place où en trouver, nous nous sommes donc dirigées vers la place Jemaa el-Fna, bien indiquée partout... mais l'était-elle vraiment? Plusieurs fois en effet nous sommes-nous retrouvées sur le mauvais chemin, ce qui, je dois le dire, devenait fatiguant. Au final nous avons trouvé un taxi qui semblait savoir de quel hôtel nous parlions. Charlotte s'apprêtait à faire montre de son nouveau sens de la négociation, mais il a tout de suite proposé le prix que nous voulions mettre. Autant dire qu'il est devenu notre petit messie de la journée! Petite anecdote : sur le chemin, une femme l'a hélé, demandant s'il allait dans une direction particulière, et après qu'il ait répondu favorablement, celle-ci est montée sur le siège avant, comme si de rien était! C'était très cocasse.
Après avoir mangé et s'être un peu posées sur un transat, nous avons profité de notre dernière excursion, et quand je dis excursion, je veux dire "promenade à dos de dromadaire"! Quels fous rires! Quelle expérience! Je l'avais déjà fait gamine, je me souvenais du choc lorsque l'animal se lève, en plusieurs étapes, peut-on dire, d'abord sur les genoux de devant, puis d'un seul coup... indescriptible. Mais c'est surtout le fait de le faire à deux, la situation qui était délirante. Les bêtes étaient attachées les unes aux autres, à la queue-leu-leu, mais même lorsque je ne me retournais pas pour voir Cha, nous ne pouvions pas nous empêcher de pouffer de rire. Un très bon moment passé dans la Palmeraie, donc, où nous avons été emmenés et où nous avons fait deux ou trois pauses photos. Un des responsables nous a même fait des bracelets en feuille de palmier, tout était vraiment très sympa.
Je terminerai cet article en parlant d'une révélation culinaire. J'ai déjà mentionné les plats, tous meilleurs les uns que les autres pendant ce voyage exceptionnel, mais ce dernier repas à l'hôtel ne souffre aucune comparaison! Nous avions réservé dans un restaurant, disons plus exclusif que le restaurant "de base" de l'hôtel, avec peu de buffets, mais bien une carte et un plat servi à table. Nous avons toutes les deux pris le poulet au citron (Charlotte disait que son père en faisait parfois à la maison, que c'était très bon, moi je n'en avais jamais mangé auparavant). Quel délice. Incroyable. Chaque bouchée était une révélation pour les sens : sincèrement un des meilleurs plats que j'aie jamais mangé! Lorsque le serveur est venu nous débarrasser, il a fait l'erreur de nous demander si nous en voulions encore. Nous nous sommes regardé Charlotte et moi dans les yeux. Un courant est passé et nous avons rigolé : chacune des nous deux était remplie, mais nous nous sommes retournées de concert vers le serveur et dit oui. Impossible de résister! Il est revenu quelques minutes plus tard avec un (une?) tajine pour nous deux. Une fois hors de portée de voix, nous avons ri une fois encore et j'ai dit quelque chose du genre "c'était la dernière étape, le dîner en amoureuses!" En effet, pendant notre court séjour, nous avons toutes les deux senti (non, je ne suis pas parano) une question planer au-dessus de nous. Ça donnait à peu près ça : "sont-elles lesbiennes?", et c'était vocalisé ainsi : "vous êtes sœurs?" C'était en fin de compte très drôle. Comme quoi chaque culture a ses petits tabous, n'est-ce pas? Mais revenons au poulet. Je peux vous dire qu'il n'en restait pas grand chose et que nous avons mis un point d'honneur à finir la sauce avec l'espèce de pain-pitta. Si seulement nous avions pu en ramener dans un tupperware!
Le lendemain nous avons repris l'avion. Cette fois il y avait une escale à Agadir. Avant de monter à bord nous avons fait un ultime achat : des petites pâtisseries typiques! La vendeuse nous en a fait goûté de toutes sortes ; des cornes de gazelles... ce fut une jolie manière de terminer le voyage, en plus de le prolonger (oui, j'ai résisté, la boîte est restée fermée jusqu'au retour).
De l'avion nous avons pu voir le détroit de Gibraltar, c'était très impressionnant, voir ces deux continents si proches!
P.S. : J'en profite pour remercier encore une fois ma partenaire de voyage, pour ces opportunités et ces expériences si belles et uniques! Charlotte, tu es exceptionnelle!
A la prochaine fois, pour de nouvelles aventures (d'accord cliché, mais indémodable). N'hésitez pas à commenter si vous avez une question!